Clichés panoramiques indument attestés
En 2010, le Service
d’évaluation et contrôle médicaux (SECM) de l’INAMI a mené une enquête
concernant les indications invoquées par les dentistes pour la prise de clichés
panoramiques.
Le SECM affirme
avoir réalisé cette évaluation au regard des directives acceptées au niveau
international. Nous regrettons toutefois que le SECM n'ait pas constitué un
Comité scientifique pour accompagner cette enquête, car la science et les
appareillages évoluent vite. Soit.
Le SECM conclu de
son étude "qu’une utilisation inefficace
est loin d’être exceptionnelle" et qu'àl’analyse
de l’indication/desindications et des circonstances des prestations
OPG,on constate que56,20%
des prestations pouvaient être qualifiées comme étant « non conformes » (sic).
Afin d’en
informer les dentistes et pour les sensibiliser, le SECM a décidé de mettre à
leur disposition le rapport de l’étude en le diffusant.
Qu'en
penser ?
Il est normal
qu'une augmentation de 42,18 % des panos entre 2002 et 2008 ait à ce point
interpellé. Cela équivalait à une croissance de 7% l’an. Nous ne connaissons
plus actuellement un tel taux de croissance: de 2010 à 2012, la
croissance a été de 4,1%, soit 1,37% annuel.
Nous soutenons
l'idée que chaque dentiste doit mûrement réfléchir la décision d'exposer son
patient à un examen RX. Nous savons aussi que des praticiens sont un peu trop
systématiques à prendre un cliché chaque année. De même nous déplorons que des
dentistes prennent un cliché pano avant même d'avoir eu un entretien avec le
patient ou même d'avoir fait l'examen clinique. C'est bien évidemment
inacceptable. Nous savons aussi que l'acquisition d'une pano digitale a poussé
certains praticiens à y recourir un peu trop facilement.Pour rappel, il
est interdit de déléguer à du personnel assistant la prise de cliché.
Ou est-ce un
effet d'une médecine devenue plus "défensive" qui pousse à bien (trop
bien ?) documenter ses dossiers, de peur de reproches ?
En réponse à
cette forte augmentation et à cette étude, le SECM de l’INAMI émet des idées
comme celle de passer à un seul remboursement tous les 2 ans, et/ou de
soumettre la répétition dans les 2 ans à l'autorisation du médecin
conseil.
Nous avons
toutefois du mal à accepter la conclusion du SECM que 56,20 % des panos
seraient pris sans réelle indication. Cela paraît énorme.
LA SMD estime que
la radiographie panoramique est un formidable outil -et irremplaçable- pour la
prise en charge de nos patients. Il est vrai qu’avec la technologie numérique,
l’outil est plus facilement accessible et utilisable tout en diminuant
drastiquement la dose à laquelle est exposé le patient. Les progrès de cette
technologie diagnostique ont eu plus que certainement des retombées positives
sur le meilleur suivi diagnostique des patients. Cela ne peut être remis en
cause aveuglément.
Que le SECM
enquête sur les pratiques des «surconsommateurs», soit. C’est son
métier. Le fait-il ? Insuffisamment. Qu’elle jette le discrédit sur
l’ensemble de la Profession dentaire par une étude non encadrée
scientifiquement, là c’est inacceptable.
A l’heure où il
faudrait faire des économies, cela aide évidemment de s’appuyer sur une
«étude» pour justifier des coupes sombres.
La Société de
Médecine Dentaire n'est pas restée inactive face au défi que de répondre à ces
interrogations :
·
Un groupe de travail auquel nous participons
planche depuis plusieurs mois à l’INAMI avec les Universités pour élaborer un
meilleur cadre à la prise de panos. Ses premières propositions sont déjà
discutées au Conseil Technique Dentaire.
·
Nous avons contribué et soutenu les recommandations
élaborées à l'attention des dentistes (voir encadré) dans le cadre de la
campagne "Pas de RAYONS sans RAISONS".
·
Plusieurs peer-reviews ont été consacrées à ce
sujet.
Même si nous
estimons ce rapport du SECM excessif, nous désirons que les dentistes en
prennent connaissance. C’est pourquoi nous vous en proposons le lien.
De même, nous
estimons utile que les dentistes prennent connaissance des diverses «recommandations»: voir en bas de page et que chaque
dentiste analyse bien ses pratiques en la matière.
Tout
ne repose pas que sur les dentistes
Les dentistes ne
sont pas les seuls à devoir sans doute balayer devant leur porte. Des confrères
nous relatent l’attitude de patients
faisant leur shopping médical, papillonnant d’un praticien à un autre, sans les
informer qu’une radiographie a été prise quelques semaines voire quelques jours
plus tôt. C’est pourquoi la campagne «Pas de rayons sans raison»
adresse également des recommandations aux patients eux-mêmes (voir
encadré).
Nos Autorités et Administrations ont la
responsabilité de mettre en place des outils liés à la e-Santé. Un plan d’action e-Santé 2013-2018 très
(trop?) ambitieux a été présenté le 20 décembre 2012.
- Il serait utile
d’avoir accès à un relevé de l’historique des radiographies prises chez un
patient donné. Un projet qui intégrerait cette fonction existe:
«Les rapports d’imagerie médicale
intra-muros et extra-muros de patients ayant donné leur consentement
éclairé seront en principe accessibles à partir du 1er janvier
2015 via le système hub-metahub, soit Vitalink ou Inter-Med, tant dans un
environnement intramural qu’extramural».
- Un projet de dossier patient informatisé (DPI)
minimal existe.
- Dans l’attente, il serait utile de
pouvoir échanger des images radiographiques avec les confrères. Sur le
plan légal, il est interdit d’échanger des informations médicales par
courriel sans système de cryptage. La plateforme eHealth propose depuis
quelques mois une telle boîte aux lettres sécurisée. Toutefois, le volume
de la boîte est limité à 10 Méga. Il s’agit bien évidemment d’un trop
faible volume pour échanger des fichiers images.
Nul doute qu’on
en reparlera prochainement.
17 Juillet 2013
Campagne "Pas de
RAYONS sans RAISONS"
Les
recommandations pour les dentistes
- Un examen en imagerie
médicale n’est utile que s’il est vraiment indiqué. Il appartient donc au
dentiste de peser les avantages et les inconvénients d’un examen et de faire un
choix réfléchi. Ceci implique un entretien du praticien avec le patient et un
examen clinique avant la prise du
cliché.
Le praticien indique
dans le dossier du patient la motivation de l'examen.
NB: la prise d’un cliché panoramique avant même d’avoir réalisé un
entretien et/ou un examen clinique est une pratique inacceptable.
- La fréquence de
répétition des examens radiologiques de dépistage doit être modulée en fonction
des circonstances cliniques, comme par exemple une évaluation du risque
carieux.
NB: la prise systématique d’un cliché panoramique annuel est une pratique
inacceptable.
- Les jeunes et
adolescents réclament une attention particulière : alors que les jeunes sont
plus sensibles aux radiations ionisantes que les adultes, les jeunes et
adolescents -eux- subissent davantage de radiographies dentaires – avec un pic
vers l’âge de 12 ans – en raison du développement de leur dentition et de
l’évaluation des corrections éventuelles à lui apporter (traitements
orthodontiques).
- Il est essentiel de
conserver une trace des examens effectués chez un patient et de s’informer des
éventuels examens radiologiques qui auraient pu être pratiqués par un confrère.
- Lors d’un examen
radiographique, le praticien prend les mesures de radioprotection nécessaires
et évite les expositions inutiles aux rayons ionisants.
- Il est important que
vous partagiez toutes les images diagnostiques réalisées avec d'éventuels
collègues qui suivent votre patient.
Les
recommandations pour les patients
Un examen
d’imagerie médicale n’est utile que si les bénéfices qu’on en attend
l’emportent sur les inconvénients. Les enfants réclament une attention
particulière en raison de leur sensibilité plus grande aux radiations ionisantes.
Une bonne communication avec votre dentiste est donc particulièrement
importante.
Les questions suivantes peuvent vous être utiles pour communiquer avec votre
dentiste :
- Pourquoi ai-je (ou
mon enfant a-t-il) besoin de cet examen ?
- Quels sont les
avantages et les inconvénients de cet examen ?
- Puis-je subir cet
examen alors qu’il est possible que je sois enceinte ?
Les informations
suivantes peuvent aider votre dentiste à faire le bon choix :
- Si vous consultez
plusieurs dentistes, il est recommandé de les informer des examens
d’imagerie que vous (ou votre enfant) avez subis au cours des deux
dernières années : cette information est importante et peut rendre un
nouvel examen superflu.
- Si vous êtes
enceinte (ou pensez pouvoir l’être), informez-en le dentiste en début de
consultation.
Nous vous recommandons de vous faire soigner autant que possible chez
un même praticien afin d’assurer un suivi optimal.