Les 3
titres professionnels particuliers de dentistes sont devenus une réalité
le 1er juin 2002. Voilà déjà onze années. Les dentistes
s’étaient tous réveillés ce matin-là « dentiste généraliste ». Pour
certains, il leur fallait alors faire le choix de demander la
reconnaissance comme spécialiste en orthodontie ou en parodontologie.
Pour le
titre de spécialiste en orthodontie, pouvaient entrer en ligne de compte
des praticiens dans une des 3 situations suivantes :
-
les
dentistes titulaires d'un titre universitaire de spécialiste en
orthodontie délivré par une université belge, ou délivré par une
université étrangère, reconnu en Belgique par les autorités
compétentes;
-
les
dentistes qui pratiquent exclusivement la spécialité depuis au moins
six ans;
-
les
dentistes qui pratiquent exclusivement la spécialité depuis moins de
6 ans et qui peuvent apporter la preuve que leur pratique est
devenue exclusive avant la fin de la période transitoire qui se
termine 3 années après l'entrée en vigueur du présent arrêté (NDLR
le 1er juin 2002), et qui, selon la Commission
d'agrément, ont acquis une compétence pouvant être assimilée aux
critères de formation nécessaires pour l'obtention du titre
professionnel particulier.
Les
praticiens qui, au 1er juin 2002 étaient engagés dans un
cycle de formation universitaire en Belgique, ont pu introduire auprès
de la Commission d'agrément une demande afin d'obtenir la validation des
périodes de stage déjà réalisées et afin de terminer la partie restante
du stage.
Un coup de
tonnerre
C’était
sans compter sans l’introduction de recours au Conseil d’Etat mettant en
cause le principe de l'exclusivité qui s’appliquait aux spécialistes.
Dans son arrêt n° 182.108, le Conseil d'Etat annulait le 16 avril 2008
les dispositions prévues pour les praticiens des catégories 2° et 3°.
Cet arrêt surprit tout le monde, et sans doute en premier ceux qui
l’avaient intentés. Ceux qui espéraient pouvoir cumuler les titres de
généraliste et de spécialiste obtenaient un résultat contraire à celui
escompté : seuls les titulaires d’un diplôme de spécialiste avaient
dorénavant accès à la spécialité.
Si la
plupart des dentistes du 2° avaient eu le temps de faire valider leur
demande de reconnaissance, une quarantaine de dentistes sous la
situation du 3° étaient dans la phase d’examen par la Commission
d’agrément pour prouver leurs compétences.
Catastrophe pour eux. Ils espéraient acquérir le titre de spécialiste
en ayant fait le choix de pratiquer exclusivement l’orthodontie. Leur
dossier bloqué, ils restaient dentistes généralistes, alors que leur
pratique est désormais tournée vers l’exercice exclusif de
l’orthodontie.
Des textes
« réparateurs »
Démarra
alors une longue saga dont nous vous épargnerons les détails.
Les
mandataires des associations professionnelles et des Universités
siégeant au Conseil de l’Art Dentaire se remirent au travail pour
rédiger des « textes de lois réparateurs ». Ce n’étaient pas moins d’une
Loi et deux Arrêtés ministériels qu’il fallait corriger.
Le
Moniteur belge a publié ce 1er octobre l’Arrêté ministériel
du 2 septembre 2013 qui réintroduit une (dernière) possibilité de se
faire reconnaître spécialiste via des mesures transitoires. Le texte est
complété comme suit (en
bleu) :
§ 1er. Les dentistes qui, au
moment de l'entrée en vigueur du présent arrêté
(NDLR : 1er juin 2002), sont habilités à pratiquer l'art
dentaire en Belgique, peuvent introduire une demande pour l'obtention du
titre professionnel particulier de dentiste spécialiste en orthodontie
auprès de la commission d'agrément compétente. Cette demande comprend
leur curriculum vitae mentionnant clairement leur formation, leur profil
d'activité, tout autre élément de notoriété ainsi que les preuves qu'ils
ont suivi régulièrement une formation continue.
§ 2. Peuvent entrer en ligne de compte pour l'agrément :
1° les dentistes titulaires d'un titre universitaire de spécialiste en
orthodontie délivré par une université belge, ou délivré par une
université étrangère, reconnu en Belgique par les autorités compétentes;
2° les dentistes qui au 1er
janvier 2014 pratiquent de manière exclusive la spécialité et qui, selon
la Commission d'agrément, ont acquis une compétence pouvant être
assimilée aux critères de formation nécessaires pour l'obtention du
titre professionnel particulier. Au plus tard à cette date, les
intéressés introduisent une demande écrite auprès de la Commission
d’agrément pour faire évaluer cette compétence. A partir de cette
demande, les intéressés doivent continuer à exercer la spécialité de
manière exclusive. Au moment du test, la preuve de pratique exclusive
doit être fournie sur base des profils INAMI personnels.
Le test,
en ce compris l’éventuelle réévaluation, doit être effectué au plus tard
le 14 novembre 2017.
Un rendez-vous à ne pas
manquer
Nous
pouvons être déçus du temps qu’il a fallu pour que les textes
réparateurs soient publiés. Nous regrettons aussi et surtout ces recours
au Conseil d’Etat qui ont provoqué cette situation.
La
Société de Médecine Dentaire n’a pas ménagé ses efforts pour faire
aboutir ces textes réparateurs. Nous comprenons l’amertume de cette
quarantaine de consœurs et confrères qui sont passés depuis 2008 par 5
années de sentiments très divers comme la révolte, la colère, le
désespoir, la résignation. Certains se demandent aujourd’hui si cela
vaut encore la peine de demander la reconnaissance. Certains ont depuis
largement dépassé les 6 années d’exclusivité exigés en 2002.
Nous
espérions la publication de ces textes en 2010. Nous approchons la fin
2013.
Nous ne
pouvons dire à ces consœurs et confrères qu’une chose : prenez votre
courage à deux mains. Après le 1er janvier 2014, il sera définitivement
trop tard pour demander cette reconnaissance.
MD
01-10-2013
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